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Après avoir pris ses aises sur les grands chantiers privés, la maquette numérique du bâtiment, généralement connue sous le nom de BIM, fait son chemin dans la construction publique.
Le 25 mars 2016 est à marquer d'une pierre blanche en matière de marchés publics de construction. En effet, l'article 42 du décret relatif à la commande publique autorise la possibilité d’exiger l'utilisation d'outils économiques une opération de construction. Au premier rang de ces outils figure le fameux Building information model, plus connu sous l'acronyme BIM. Cette numérique permet d'aller plus loin que la simple modélisation d'un bâtiment en trois dimensions, car elle contient toutes les données techniques d'un ouvrage. Les informations peuvent être partagées et diffusées en temps réel à tous les intervenants. Ainsi, au fur et à mesure de l'avancement du projet, la maquette numérique évolue car elle s'enrichit des données que chaque acteur va remplir, modifier ou améliorer. De plus en plus utilisé pour la construction et la construction de l'ouvrage, le BIM tend également à être également utilisé pour son exploitation et sa maintenance, bien que cet usage reste pour l'instant embryonnaire. Mais cette demande BIM figure désormais dans les documents particuliers des marchés publics de travaux et il peut être un critère de sélection (tribunal administratif de Dijon 24 octobre 2019, n°1900511).
Et si les principaux maîtres d'ouvrage privé, bien encouragés par les majors de la construction, ont très largement mis en avant, voire exigé l'emploi du BIM sur leurs projets depuis plusieurs années, c'est maintenant au tour des maîtres d'ouvrage publics de s'y mettre. Et le moins que l'on puisse dire est que l'enthousiasme est de mise ! En effet, le Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), dans une étude parue en 2018, notait une "augmentation constante du BIM dans les concours depuis la réforme". Le niveau était de 0,49 % en 2013-2014, de 5,72 % lors de l'entrée de la réforme, et de 8,10 % en 2018. En comparaison avec le marché global de la construction, ces niveaux étaient respectivement de 5,39 %, 11,74 % et 15,34 %.
Illustration : le nouveau CHU de la Guadeloupe
Le chantier de construction du nouveau Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe situé à Perrin aux Abymes constitue un projet immobilier emblématique pour la Guadeloupe. Cette construction de 82 000 mètres carrés, sur un terrain de 19 hectares, représente un investissement de 590 millions d'euros qui va nécessiter environ 5 millions d’heures de travail. A terme, le futur hôpital emploiera environ 3 000 personnes, disposera d’une capacité d’accueil de 600 lits et 117 places d’hospitalisation répartis dans l’ensemble des spécialités médicales. Le CHU de la Guadeloupe est le maître d’ouvrage de ce chantier.
Ouvrage emblématique et complexe, à la fois de par sa dimension et les nombreuses contraintes telles que les protections sismique et cyclonique en milieu tropical humide, sa réalisation a fait la part belle à la maquette numérique dès sa conception. Compte tenu des contraintes de technicité et de délai, le maître d'ouvrage a privilégié l'attribution des marchés de travaux en macro-lots.
Jusqu'alors, le BIM en matière de travaux publics avait été engagé dans les marchés globaux où maîtrise d'œuvre et entreprise sont liées en groupement, la cohésion se faisant dès la conception et se poursuivant au cours de la réalisation. Ici le maître d'œuvre Architecture-Studio a fait usage du BIM dès la conception, ce qui a permis de diffuser ce travail initial au moment de la sélection des entreprises de travaux : les offres ont ainsi pu être mieux analysées et plus performantes, plus adaptées au projet. Ce travail de collaboration a été imposé par le maitre de l’ouvrage, avec l’appui de son mandataire (groupement Icade et Semsamar) exigeant la conduite d’un BIM réalisation, qui devrait conduire à la définition d’un BIM exploitation, faisant de la maquette numérique un véritable outil au service de la maîtrise d'ouvrage dès la mise en service du CHU. Le chantier s'étalera maintenant sur 51 mois.
Article paru sur le Magazine Décideur
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